Introduction
Le shibari, également connu sous le nom de kinbaku au Japon, est une pratique de bondage qui marie l’art de la corde à l’érotisme et à l’esthétisme. Au-delà de son aspect esthétique, cette forme de bondage érotique a évolué au fil du temps, gagnant en popularité et en diversité d’expression. Cet article vise à explorer l’essence, l’histoire et les techniques qui caractérisent le shibari.
C’est quoi le shibari ?
« Shibari » signifie littéralement “attacher” en japonais, il aurait été plus correct d’utiliser le mot Kinbaku qui est plus spécifique au bondage, mais le mot shibari, c’est démocratisé en Occident. En tant que pratique, c’est une forme de bondage qui trouve ses origines dans les anciennes techniques utilisées pour maîtriser et torturer des prisonniers de guerre avant d’être érotisé. Au début du XXe siècle, le shibari est devenu une forme de bondage à part entière, avec des expert·e·s et des pratiquant·e·s dévoué·e·s qui ont développé des techniques sophistiquées et des styles uniques et reconnaissables.
Le shibari est à la base une pratique BDSM et érotique, mais il se distingue des autres formes de bondage par son attention portée à l’esthétique et à la beauté des cordes. Les liens sont noués de manière artistique autour du corps du modèle pour créer des motifs qui peuvent être géométriques et symétriques, ou au contraire organiques et chaotiques. Il y a souvent, en plus de la recherche d’une connexion entre la personne qui attache et celle qui est attachée, une nette intention artistique.
L’histoire du shibari
Contrairement à certaines idées reçues, le shibari tel que nous le connaissons n’est pas une tradition « ancienne » ou « sacrée », mais plutôt une évolution moderne du hojojutsu, un art martial utilisées pour capturer, restreindre, humilier ou suspendre les prisonniers. Cette technique est devenue une méthode standard pour les forces de l’ordre japonaises, bien loin des intentions artistiques du shibari contemporain.
La version sexualisée de cet art martial a été popularisé au Japon, principalement dans les théâtres Kabuki et à travers des magazines érotiques après la Seconde Guerre mondiale.
Cependant, il a fallu attendre les années 1950 pour que le shibari trouve la forme qu’on lui connaît aujourd’hui. Au tournant du siècle, les œuvres du peintre Ito Seiu façonnent l’imaginaire du shibari, avant que les magazines de photos pornographiques se le réapproprient et le popularisent dans les années 1950. Aujourd’hui, le shibari a aussi beaucoup gagné en renommée grâce à des attacheurs célèbres comme Akira Naka ou des artistes plus contemporains comme Kinoko.
Pourquoi privilégier la corde dans le shibari ?
L’utilisation de la corde plutôt que des menottes ou des chaînes métalliques dans la pratique du shibari n’est pas un choix fortuit. Historiquement, le Japon faisait face à une pénurie de métaux bruts, ce qui limitait l’accès aux matériaux conventionnels pour la fabrication de dispositifs de retenue. En revanche, les ressources naturelles nécessaires à la production de cordes étaient largement disponibles, rendant ainsi la corde un choix pratique et accessible.
De plus, la corde tient une place significative dans la culture japonaise, transcendant son usage utilitaire pour devenir un symbole omniprésent dans la vie quotidienne. Elle est non seulement utilisée dans les pratiques spirituelles, comme la décoration des entrées des sanctuaires shinto, mais elle sert également dans des contextes plus quotidiens tels que l’emballage des colis ou même dans le sport, comme dans le revêtement des anneaux de sumo. Cette intégration profonde dans divers aspects de la culture japonaise souligne l’importance et la polyvalence de la corde, la rendant ainsi un outil idéal pour le shibari.
Les principes du shibari
Le shibari repose sur quelques principes fondamentaux qui sont essentiels pour créer une expérience sécurisée et agréable :
- Consentement mutuel : avant de pratiquer le shibari, il est essentiel d’établir un consentement mutuel clair entre la personne qui attache et celle qui est attachée. La confiance et la communication ouverte sont les clés d’une expérience positive.
- Sécurité et préparation : avant de commencer une séance de shibari, il est crucial de prendre les mesures de sécurité appropriées. Cela inclut l’utilisation de cordes de qualité, l’apprentissage des techniques de base pour éviter les blessures et la possession d’outils en cas d’urgence, comme des ciseaux qui permettent de couper les cordes.
- Communication constante : Pendant tout le processus d’attache, il est important que les deux partenaires communiquent régulièrement pour s’assurer du confort et du bien-être de chacun. Des signaux de sécurité clairs doivent être établis pour que la personne attachée puisse exprimer ses limites ou ses besoins.
- Connaissance des zones à risque : les attacheur·euse·s expérimenté·e·s ont une connaissance approfondie des endroits du corps humain qu’il ne faut pas comprimer avec une corde. Ils sont conscients de leur emplacement et veillent à éviter tout inconfort ou dommage pendant le ligotage.
- Pratique et maîtrise : le shibari est un art qui nécessite une pratique régulière et une maîtrise progressive des techniques. Les shibaristes chevronné·e·s passent des années à perfectionner leurs attachent, en explorant de nouvelles façons de créer des liens esthétiques et confortables. Le shibari requiert de l’expérience et une amélioration continue des compétences.
FAQ (Foire Aux Questions)
Q Le shibari est-il sûr ?
R : Tout en minimisant les risques grâce à la préparation et à la connaissance, il est essentiel de pratiquer le shibari avec prudence et conscience des dangers potentiels.
Q : Est-ce que le shibari est uniquement lié à la pratique du BDSM ?
R : Bien que le shibari ait des origines dans le domaine du bondage érotique, il ne se limite pas seulement au contexte BDSM. Le shibari est une forme de bondage peut être apprécié pour sa beauté et son esthétique. De nombreuses personnes pratiquent le shibari sans qu’il y ait nécessairement une dimension érotique ou sexuelle, mais il ne faut tout de même pas oublier que peu importe l’intention qu’on apporte à ses cordes, cela reste du bondage et qu’un être humain se retrouve attaché et vulnérable.
Q : Est-ce que le shibari peut être pratiqué en toute sécurité ?
R : Le risque zéro n’existe pas, mais dans l’ensemble le shibari soit être pratiqué en maximisant la sécurité. Il faut avoir une connaissance des techniques et une connaissance des mesures de sécurité. Il est essentiel d’établir un consentement mutuel, de communiquer constamment avec le modèle et de prendre en compte les zones à risque du corps pour éviter toute blessure.
Q : Est-ce que le shibari peut être pratiqué seul ?
R : Oui, le shibari peut être pratiqué seul, mais il est important de prendre des précautions supplémentaires. Lors de la pratique en solo, il est recommandé d’utiliser des techniques adaptées que l’on connaît parfaitement, et de faire appel à une personne qui pourra vous aider en cas de besoin.
Q : Où puis-je apprendre le shibari ?
R : Il existe de nombreux ateliers, cours et ressources en ligne qui enseignent le shibari. En outre, de nombreuses villes en France ou ailleurs disposent de lieux où l’on peut venir assister à un cours. Il est recommandé de rechercher des instructeurs expérimentés et de participer à des sessions de formation pour apprendre les techniques de base, les mesures de sécurité et les principes fondamentaux. Attention tout de même où vous mettez les pieds, tous les espaces de shibari ne suivent pas les mêmes valeurs de sécurité et de consentement.
Q : Le shibari est-il réservé aux personnes avec une certaine expérience dans le BDSM ?
R : Non, le shibari n’est pas réservé aux personnes ayant une expérience préalable dans le BDSM. Il peut être pratiqué par des personnes de tous niveaux d’expérience, que ce soit dans le cadre du jeu sensuel ou simplement de la curiosité. Il est important de commencer par des techniques de base et de progresser à votre rythme. Néanmoins, cela reste une technique de bondage avancé, plus difficile à supporter que des menottes en cuirs, des bandes tissus ou de cellophane. Si vous n’aimez pas vous sentir entravé dans vos mouvements ou mal à l’aise à l’idée de faire du bondage, je ne vous conseille pas de faire du shibari parce que » c’est joli « .
En effet, beaucoup d’adepte expérimenté du bondage et du BDSM trouvent le shibari trop difficile à supporter. Je trouve donc cela peu moral de proposer à des gens novices de faire du shibari en ventant une pratique moderne, fun et tendance.
La pratique de la suspension en particulier peut être classifiée comme hard en termes de bondage et de restrictions. Ce n’est pas parce que les cordes sont en jute et non en cuir rouge et noire que rend la pratique plus douce.
Conclusion
Le Shibari est bien plus qu’une simple pratique artistique, c’est une forme de bondage et des sensations à part entière.
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